Garm (ou parfois Gram ayant inspiré l’anglicisme « Hellhound »), « L’Aboyeur », est le plus éminent des chiens de guerre comme il est dit dans les Grimnismal bien que son nom soit souvent utilisé pour désigner un Loup par les Scaldes.
Voici ce qui est dit dans les Baldrs Draumar à propos de Garm quand Odin se rend à Helheim :
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De là il chevaucha jusqu'aux profondeurs de Niflheim,
Et, venant de Helheim, rencontra le chien de l'enfer !Ensanglanté il était sur tout son poitrail,
Et sur le Père du Seidr, il hurla de loin ;
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Ce chien monstrueux, terrible gardien du monde des morts, et couvert perpétuellement de sang s’entretuera avec Tyr au Ragnarök.
Source image : Site
- Article de l'ancien site Ragnarök corrigé par Michel Buzzi :
Garm ("hurleur") est un chien monstrueux à 4 yeux et à la poitrine toujours baigné de sang qui veille sur la porte de Helheim : Gnipalhellir.
Seul ceux qui ont donné du pain aux pauvres peuvent, à l'aide du gâteau de Hel, apaiser Garm et pénétrer sains et saufs dans la demeure de Hel.
Au Ragnarök Garm et Tyr s'entretueront, ce dernier aura la gorge tranchée.
Ne pas confondre avec Gram, car parfois on trouve les deux écritures possibles pour désigner l'un ou l'autre…
Il était face à une muraille !
Un mur de falaises au granit noir, humide et rendues glissantes par les vents brumeux. C’était là si massif, si haut, interdit à tout humain, interdit à toute ascension. Mais ce n’est pas ces monts déchirés et inhospitaliers qui failli le décourager ou lui insinuer quelques doutes.
Non, c’était plutôt le tunnel caverneux, aux ténèbres insondables et chassant toute lumière, qui en crevait les parois ! Et il su tout de suite qu’une chose y vivait, l’épiait déjà même…
Le doute avait ainsi osé insinuer sa faiblesse.
Comment pouvait-il s’y laisser piéger et craindre pour une vie qu’il ne possédait de toute façon plus et ne pas avoir une confiance aveugle en l’amour qu’il portait ! Mais ces ténèbres face à lui étaient si épaisses, si impénétrables, si dangereuses… une odeur de musc sauvage en émanait et des bruits de succions infectes clapotaient comme si une mare épaisse s’y mouvait !
Beaucoup aurait pu douter…
Des murmures presque inaudibles semblaient se détacher de l’antre comme autant de recommandations, voir de suppliques, pour reculer et fuir ! Pourtant c’est le silence qui demeurait le plus inquiétant comme si la chose tapie dans le noir faisait taire toutes sonorités, aussi suspendues qu’elle était tendue, ainsi prêtes à son image pour engloutir ce qui venait du dehors ! L’entité des ténèbres relâcha alors son attention, l’homme ayant disparu sur le côté !
La peur avait eu raison de lui… où irait-il maintenant ? Le temps de se poser la question est la réponse fut si cinglante qu’elle en surpris la bête. La bête qui ressentit le souffle d’air de l’homme la rasant avant de courir à l’autre bout du tunnel !
Un feulement terrible lui sortit de la gorge aussi furieux que contrarié. Mais la ruse du petit être ne serait qu’un répit, nulle proie n’échappant au flair de ce chien de l’enfer si avide de sang !Courir, oui courir, plus vite, encore plus vite…
Une lumière ! L’autre bout du tunnel.
Se cognant et s’arrachant les genoux et la peau sur les aspérités invisibles et ténébreuses des stalactites et stalagmites jonchant son parcours sans balise, il courait à n’en plus finir. Pourtant il entendit les griffes cinglantes frappant le sol pierreux derrière lui ! La chose courait elle-aussi, et elle courait vite, d’un pas sûr, oui, très vite. Il entendit son feulement puis son halètement menaçant, là juste derrière.
L’odeur devançait la bête, l’odeur forte de la charogne… les chairs de ses victimes encore entre ses crocs ? Mais pourquoi la lumière ne grandissait t-elle pas en s’en rapprochant ? Rien à faire, l’autre sortie à ce corridor de mort se dérobait toujours à égale distance ! Et l’horreur lancée à sa poursuite allait bientôt le rattraper…
Mais après quoi courait-il ou plutôt que fuyait-il ? Le monstre ou sa propre peur de ce qu’il imaginait ? Quoi d’autres ici que des sons, des ténèbres insondables, des cris et des halètements…
Alors il ralentit le pas, s’arrêta puis finit par se retourner face à la chose.
Alors il leva les yeux vers la bête puis hurla à son tour !Le courage est préférable que les gémissements
A celui dont les pas le portent sur sa voie ;
Le jour menant à ma destinée a déjà été scellé
Et l’étendue de ma vie elle-aussi décrétée !
Un bruit déchirant et assourdissant claqua tout autour de lui !
Etait-ce ses propres chairs et os craquant ainsi ? Non un bruit de métal sourd s’en suivit et alors l’éclair de la chaîne retenant la bête étincela un moment au travers de l’antre !
La force retenant captive le monstre l’avait stoppé si rudement qu’il en perdit toute contenance durant un court instant, assez pour que l’homme aperçoive son poitrail maculé d’un sang poisseux s’égouttant partout lentement comme des larmes maudites ! Sa gueule massive était presque porcine, flanquée de dents aux formes déchirées. Ce chien, car la bête en avait l’apparence, s’ébroua alors comme pour reprendre ses esprits.
Comme remarquant l’homme qu’elle avait oublié, une fureur exacerbée lui fit bander tous les muscles et claquer sa gueule monstrueuse d’une violence inouïe. La chose tirait sur sa chaîne comme mue d’une sauvagerie surnaturelle et carnassière, les yeux révulsés d’un blanc veiné de sang…
… mais cette fois le tunnel sembla se déplacer de lui-même et la lumière blafarde de la sortie vint à l’homme, l’enveloppa et le porta hors du repaire de la bête !