
EH
Sens Culturel
Divinité : Var et Sleipnir | Noms : Eh - Ehwaz/Ehwo - Ior - Aihws |
Sens littérale : Les Serments (Le Cheval) | Lettre : E |
Sens initiatique : L'Engagement | Oett : Troisième Rune de l'Oett de Tyr |
Sens de polarité : L'Equilibre | Futhark : Dix-neuvième Rune de l'Alphabet Runique |
Sens sombre : Mensonge | Symboles : Fer à cheval - Sceau - Balance |
"Le Cheval fait la joie des Hommes Nobles,
Un porteur fier sur ses sabots que tous louent lorsqu'ils l'évoquent ;
Et ils rient alors du fou au coeur emballé comme son galop loin de toute raison…"

Eh est la troisième Rune de l'Oett de Tyr et la dix-neuvième Rune du Futhark. Elle symbolise après Tyr et sa valeur de Loyauté et de Bravoure peut-être une valeur encore plus philosophiquement ancrée dans la culture des Germains, le Serment. En effet si les fondements guerriers des peuples Germains pouvaient ne concerner qu'une partie de ceux-ci, les serments sont le fondement avec la Liberté de leurs valeurs, cette fois, morales.
C'est là autant le serment liant les Frères d'un Clan, que l'engagement épousant une cause ou l'être aimé mais aussi la bannière ou la promesse passée et défendue. C'était là pacte plus important encore que la vie car son engagement lié l'âme au Destin au-delà de l'existence.
Situé après Beorc, on retrouve là le secret la liant à Tyr qui souligne la complémentarité entre la Loyauté et le Serment. On trouve à sa suite Man qui elle renforce les liens du Clan, sacralisant là ce même serment.
Comme un Serment est scellé entre deux êtres, deux entités ou de toute façon entre une cause et une raison, il n'est pas étonnant de trouver comme sens littéral la métaphore du Cheval représentant l'équilibre du couple Homme/Animal tacitement lié pour que l'un supporte l'autre.
Quoi qu'il en soit, dans le Hof, Eh est ainsi à la fois liée à cette image du Cheval par le plus majestueux d'entre-tous, Sleipnir, la monture fabuleuse du Dieu Odin. Incarnant l'équilibre comme on l'a vu, cela s'applique au serment entre deux êtres qui doit toujours être mutuellement respecté, cette fragilité apparente devenant une force incroyable à l'image du cavalier. Mais au-delà c'est à Var que Eh fait référence pour illustrer le Serment en lui-même. Var est une Déesse des Pactes, des Serments et des Engagements. Ceux-ci sont passés en son nom et elle veille à ce qu'ils soient respectés.
Elle était crainte par ceux les trahissant car sa vengeance est implacable, sa cruauté étant égale à la grande bienveillance qu'elle accorde à ceux honorant leurs pactes.
Ainsi les symboles de Eh sont évidemment les Sceaux, nommés Varars dans le Hof du nom de la déesse Var évidemment. Le Fer à cheval (objet qui porte chance) est enfin une référence à l'équilibre fragile liant les parties passant serment à l'image du cheval et de son cavalier. Un équilibre souligné par la Balance dont la moindre trahison de cet accord viendra déséquilibrer l'un des plateaux…
Eh incarne donc le Serment et avec l'Engagement qu'il exige.
Sens Philosophique
Eh enseigne que comme la monture domptée, les émotions,
phantasmes ou l'imagination ont besoin d'être maîtrisés. Le
coeur s'emballe comme un cheval fou si la raison ne bride
pas sa fouge.
Comme on l'a vu Eh représente donc l'équilibre fragile entre le Cheval et son Cavalier mais plus encore entre la parole donnée et celle entendue, et finalement entre l'engagement et la promesse d'en respecter le Serment.
Elle enseigne tout naturellement que l'Homme s'honore par la mise en actes de ses paroles et par la promesse de ses serments, l'Engagement à sa liberté. Car ici être libre n'est pas s'exonérer d'avoir une moralité, une Foi, un code d'honneur ou une parole. Etre libre c'est suivre ce en quoi on s'incarne sans jamais en trahir le sceau.
Plus intimement c'est aussi la marque de la raison sur la passion. Eh représente le contrôle et la maîtrise de son Destin propre.
Le Destin, s'il ne peut voir ses lois supplanté, n'empêche pas de se forger par ses serments sa destinée morale. C'est là le sens profond de la responsabilité de ses actes qui ne peuvent être pardonnés par d'autres, pas même des Dieux. Chacun de ses actes provoquent des effets qui n'appartiennent qu'à celui les provoquant.
Ainsi le plus puissant des serments est celui que l'on passe avec soi-même pour trouver l'équilibre et le sens à son existence, en tous ses actes et en cohérence avec sa volonté.
"Ô, Eh, Rune du cheval Sleipnir et de Var,
Je te loue, Glyphe équine des beaux Serments.
Ton pacte est chose si noble et rare
Qu'il vaut mieux des coeurs sages pour ceux le nouant.
Tel le doux cavalier menant sa monture
Qu'il guide avec plus de raison que de passion.
Ceux qui se lient doivent craindre les parjures,
L'émotion débridée étant là vil poison."
Dés lors passer Serment demeure l'acte responsable le plus exigeant de la philosophie des Germains.
On n'engage, même par un seul acte, son existence, son âme même mais aussi la mémoire des nôtres, l'honneur du Clan et son identité. Toute passion doit être écartée, toute humeur éludée et les mensonges bannis. Quelles que soient les causes de celui qui parjure sa promesse, elle laissera à jamais une tâche originelle indélébile qui marquera le Destin à jamais et plus encore la destinée de celui ayant commis le pire. Il ne peut ici avoir de pardon car la redondance de ses actes ne peuvent être amoindris le long des fils tissant la Toile du Destin?
Dans ce concept philosophique et métaphorique c'est donc ce qui est interdépendant (dans la vision que l'engagement transforme le Destin des deux parties le liant).
"Celui qui désire défaire ce qui est uni, liera son Destin au propre cours de ce qu'il aura délié."
Cette pensée est là le pendant polaire de Eh qui incite à préserver l'Equilibre des sermemts sous peine que les Mensonges ne viennent faire le faire basculer (et faire chuter l'une ou les deux parties, comme le cavalier sera désarçonné par son cheval).
Un enseignement illustré par la sagesse d'une strophe trouvée dans le Havamal :
Il est sans danger de dire son secret à une personne,
Plus osé de le raconter à un second,
Aucun sage ne le partagera à un troisième,
Car alors tous le connaîtront !
Sens Spirituel
- Symbolique spirituelle
Eh dans sa symbolique spirituelle est évidemment liée au Serment de Foi entre ses principes moraux, sa vision religieuse ou les dogmes de sa propre philosophie de vie. Ce sont les principes qui forment à la fois l'identité de l'être et aussi qui le sacralise.
La voie empruntée par Eh est dés lors forte et engage le Destin et sa propre destinée. Elle est également très fragile car son équilibre est toujours à respecter sans autoriser le moindre relâchement pour celui qui s'y lie. Même dans les sentiments les plus forts comme l'amour, la raison doit être préférée à la passion trop déséquilibrante et éphémère. Tout doit être décidé par la raison et par la réflexion, en toute connaissance de cause. C'est donc une voie d'une discipline et d'une exigence absolue mais qui, respectées, apportera les plus grands honneurs.
Enfin c'est une voie qui ne peut-être empruntée qu'une seule fois, en un seul sens.
- Lien au Wyrd
Dans la représentation de la Toile du Destin et des Neuf Mondes, le lien Eh s'étend de Svartalfaheim à Jotunheim.
Ce lien reliant les deux mondes les plus extrêmes est l'un des plus ardus à emprunter. Il doit être dompté de la même manière que l'Homme est sorti des cavernes pour défier les Eléments en scellant cette union avec la Nature d'un pacte éternel.
- Seidr
Eh est une Rune engageant le Destin et elle à ce titre très employée pour bénir les unions et sceller les pactes et sceaux. Elle est une Rune sacrée pour ceux la reconnaissant entre-eux.
Si Tyr était de sa face sombre symbole de trahison, Eh, pour celui qui la détourne, est sans doute encore plus lourde de conséquences. Parjurée, elle peut délier les liens du sang ou de l'esprit, briser les pactes, les sceaux et pire encore briser les unions. En contrepartie le dément l'ayant blasphémé aura à défié la vengeance de Var elle-même…