Castes Guerrières

Avant de développer les Castes guerrières apportons quelques mises au point.
D’abord concernant ces fameuses « Castes guerrières ». Il est fréquent de caricaturer ou du moins de synthétiser des peuples ou des cultures à leurs seuls représentants guerriers, tant il est vrai que les marqueurs de l’Histoire prêtent plus de poids et de repères aux guerres qu’aux temps de paix.
On ajoute souvent à ces représentants guerriers beaucoup de phantasmes liés au mythe du « guerrier ultime », du « Seigneur de guerre », voire du « Demi-Dieu », en fait du « Héros ».

Cette imagerie brutale favorise souvent par trop des mondes idéalisés, des figures « nationalistes » sensées glorifier les racines d’un peuple et parfois amalgamées avec des groupes identitaires et bien souvent détournées des causes que des hommes servaient malgré leurs peurs et leurs doutes… non pas pour conquérir « l’autre » mais plus souvent pour défendre leur simple liberté. Enfin ces mêmes phantasmes ont servi les belligérants qui faisaient de leurs ennemis des êtres forcément sauvage et surpuissant simplement pour rendre encore plus glorieux leurs « victoires » sur ces « monstres sanguinaires » !
Ainsi il faut avoir à l’esprit cette propagande à desseins et se souvenir que nul ne vit que pour l’idéal de la guerre mais qu’il est issu d’une culture. Le risque est de poursuivre le mythe du « Barbare » ivre de haine et terrorisant le « bon peuple », niant ainsi l’humanité duquel ces guerriers étaient issus et qui avaient les mêmes valeurs fondamentales que tout peuple, la liberté, la paix, la sécurité et l’espoir.


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Castes guerrières Antiques et Mythologiques de la Germanie

Les Germains

Les Germains, « Frères », et Germaines, « les Sœurs », sont le nom donné à tous les peuples Germaniques ayant vécu en Germanie (ou Germania).
En fait ce nom leur fut donné par les Romains eux-mêmes et inscrit dans l’Histoire par Tacite. Il faudrait ici un ouvrage entier pour parler des Germains et de leur culture bien plus riche et profonde que leurs surnoms de « Barbares » a pu faire croire, encouragé en cela d’abord par les Romains puis ensuite l’Eglise Catholique.
Le terme « Germanie » (Germania dans le texte), signifie lui en Latin, les « Terre des Frères » et seraient due à l’origine par un clan Germanique, les Tongres, sans que l’on sache si, inspirant la peur, leurs victimes les auraient ainsi surnommés ou si c’est eux-mêmes qui se seraient présentés à eux par ce surnom. Toujours est-il que cette peuplade en fut peut-être à l’origine. Par extrapolation, on peut dériver du terme « frères », la notion de Clan.
Mais le plus étonnant c’est que le nom de ces clans résonne étrangement encore à nos consciences, ou du moins devraient ne pas laisser indifférent les pays de l’Europe actuel. Ainsi que dire des Francs devenus les Français, les Alamans devenus les Allemands, les Lombards ayant prêtés leur nom à la Lombardie Italienne, les Angles devenus les Anglais… et que dire de noms tels que les Vandales, les Saxons, les Frisons, les Jutes, les Marcomans, les Goths avec les Wisigoths et Ostrogoths ou encore les célèbres Teutons

Mais pour ce qui nous concerne et dans un esprit plus synthétique conservons sous un seul nom l’ensemble de ces clans par celui des « Germains ». Les Germains ont une culture d’une richesse méconnue mais de par leur mode de pensée, il est indéniable qu’ils formaient déjà par nature une « Caste guerrière ». Toutefois tous n’étaient pas des guerriers disciplinés ou rompus aux techniques et stratégies de guerres, loin s’en faut. Ainsi pour rester dans le cœur du sujet, attardons-nous sur les trois aspects principaux permettant de comprendre le cheminement mythologique et historique des trois principales castes guerrières chez les Germains :

  • La Caste Mythologique des Cimmériens
  • La Caste Mystique des Berserkers
  • La Caste Historique des Chattes

La Caste Mythologique des Cimmériens

Qui étaient les Cimmériens ?

Les Cimmériens sont un peuple mythique, mythique autant pour ses origines que son devenir, son ancienneté dans l’Histoire et les phantasmes l’entourant à l’instar de leurs ennemis, les Scythes.
Immortalisés par les films, bandes dessinées et livres sur le personnage du fameux « Conan le Barbare », on n’a à contrario que peu de certitudes sur leurs mœurs.

Les définitions les plus communes sur les Cimmériens les font de nature indo-européenne et exister dans l’Histoire aux environs de l’An 1000 BCE ! Ils s’installeront autour de la Mer Noire et sont mentionnés dans les écrits par des chroniqueurs tels Homère ou Strabon.
Il semble qu’ils aient été également à l’origine du dit « Peuple des Catacombes » issue des steppes Russes. Chassés par les Scythes ils se scinderont en l’An 700 BCE, la plus grande partie d’entre-eux formant des clans de conquérants qui envahissent une large partie de la Grèce et de la Perse.
Sans doute est-ce là que le mythe du guerrier Cimmérien prend sa source faisant de celui-ci un extraordinaire combattant… Pourtant ils disparaîtront de l’Histoire aux environs du VIème Siècle BCE, peut-être par assimilation au peuple Scythe même si on fait de la « Cimmérie » (sans doute la Crimée) leur dernier royaume.

Les derniers Cimmériens

Comme on l’a vu ci-dessus les Cimmériens se séparèrent au cours du VIIème Siècle BCE et c’est dernière partie d’entre-eux qui est intéressante de par leur exode en Europe. Leur parcours reste très méconnu et leurs lieux d’établissements encore plus. Pourtant il reste quelques rares sources évoquant le nom qu’on leur donna alors : les Cimbres !
Dés lors on les assimile parfois aux Celtes et parfois aux autochtones des régions qu’ils traversent. Peut-être se séparèrent-ils de nouveau, s’assimilèrent et finirent par se fondre dans l’Histoire. Pourtant on les rapproche également des Germains par ces fameux Cimbres portant leur nom sans qu’on sache vraiment qui de l’un a inspiré l’autre et même sur la réalité de cette hypothèse.

Malgré tout l’étymologie de leurs noms semblent bien communes et il est possible que les Cimbres Germaniques aient pour une partie eu une descendance Cimmérienne. Les Cimbres étaient des conquérants incroyables, des guerriers redoutés animés d’une même soif de liberté… il reste toutefois à établir ce possible lien que n’hésite d’ailleurs pas à faire « Strabon » établissant clairement les Cimbres comme étant des Germains :

"C'est donc avec raison que Posidonius blâme chez les historiens de telles erreurs, et il n'est pas mal fondé à croire que, pillards et vagabonds comme ils l'étaient, les Cimbres ont fait quelque expédition jusqu'aux environs de la Méotide, et que c'est d'eux que le bosphore Cimmerien a pris son nom, comme qui dirait bosphore Cimbrique, les Grecs ayant appelé ces peuples Cimmériens, au lieu de Cimbres."

On trouve également un autre témoignage, celui de "Plutarque" :

"Comme ces Barbares avaient peu de commerce avec les autres peuples, et qu'ils habitaient des pays très éloignés, on ignorait à quelles nations ils appartenaient, et de quelles contrées ils étaient partis, pour venir, comme une nuée orageuse, fondre sur les Gaules et sur l'Italie. Leur grande taille, leurs yeux noirs, et le nom de Cimbres, que les Germains donnent aux brigands, faisaient seulement conjecturer qu'ils étaient de ces peuples de la Germanie qui habitent sur les bords de l'océan Septentrional ;"

Enfin les Romains plaçait le royaume du Dieu du sommeil, « Somnus », dans un monde sans jour, un monde de glace et lointain, très au Nord dit d’antique pays des… Cimmériens !
Cette confusion des deux noms semble avoir divisé bien des observateurs de cette époque mais il demeure fort possible qu’une partie des Cimbres soient bien des descendants de ces mythiques Cimmériens… des mêmes conquérants à la même destinée tragique !

Les Cimbres, les Guerriers Mythiques Germains

Comme on l’a vu les Cimmériens, combattants féroces et conquérants inlassables, ont sans doute sinon fondés le peuple Cimbres en Europe ou du moins rejoints. Il n’est dés lors pas un hasard de retrouver ces mêmes Cimbres aussi conquérants sur les terres Romaines et aussi fanatiques et jusqu’au-boutistes dans leur destinée tragique.
Les femmes Cimbres (et les Teutons qui les accompagnaient) allaient jusqu’à tuer leur propres enfants pour qu’ils ne deviennent pas des esclaves de Rome ! Ces mêmes femmes étaient armées d’épées et combattaient auprès de leurs hommes. Tout l’Empire a tremblé du passage des Cimbres dans la Gaule et ils parvinrent avec beaucoup de fortune à les défaire dans les Alpes alors qu’ils allaient envahir l’actuelle Italie.

Les Cimbres disparurent ainsi de l’histoire…
Mais sans doute pas tous et il est indéniable que leur art de la guerre éclair, de la force de leurs conquêtes et leur idéal de liberté fut partagé par les autres Germains. Les Cimmériens étaient-ils des Germains, ont-ils servi de guide et de maître d’armes aux Germains ? Difficile à dire.
Mais cette caste de guerriers mythiques allait s’inscrire dans la lignée sauvage des Loups fougueux qu’étaient ces hommes. Ainsi après eux les Berserkers allaient naître, puis d’autres classes d’élites guerrières et enfin jusqu’au guerrier ultime, l’Einherjar !

La Caste Mystique des Berserkers

Les Berserkers !

Que n’a-t-on pas dit de ces mythiques guerriers. Hommes-Loups, Loups-garous, terrifiant combattant illuminé, fou de guerre, êtres bestiaux investis de haine et phantasmes de toutes les terreurs. Voici comment on les décrivait dans les textes anciens :

Ses hommes allaient de l’avant sans armure,
Enragés comme des chiens ou des loups,
Mordant leur bouclier,
Forts comme des ours ou des taureaux, et tuant les gens en un coup,
Mais eux, ni fer ni feu ne les navraient.
Leur démence était nommée la Fureur-Berserk !

Qu’en est-il de la réalité ?

Comme on l’a vu avec déjà les « Cimmériens » (ou Cimbres Germains), le « Guerrier ultime » était déjà légendaire au sein de cette culture et de cette civilisation dite Germanique. Toutefois tout comme les Chevaliers au Moyen-Âge, l’homme-bête tire sa légende dans le Nord de l’Europe où les Rois et Seigneurs étaient entourés d’hommes de guerre, de guerriers lourdement armés, équipés d’armures (encore rares à cette époque) et de heaume particulièrement effrayant. Ces guerriers étaient nommés « Champions ». A la fois à l’image des Dieux guerriers du Nord (Odin, Tyr) et à l’idéal religieux du « Einherjar » (nous reviendrons sur ce terme), certains d’entre-eux devinrent peut-être tout autant mythique et légendaire.
Mais ces guerriers extraordinaires sont souvent restés cantonnés dans les sagas antiques du monde Nordique, étrangement absents du monde Germain alors qu’ils en retracent l’Histoire guerrière et mythologique. Ainsi le Berserker (ou Berserk) n’est qu’un membre d’une caste plus large bien que portant ce même nom générique dans laquelle nous trouvons donc les :

Berserkers
Ulfhednar
Svinfylkingar
Vargynjur

Le Berserker

Les Berserkers étaient une secte de guerriers louant Odin et qui sous l'effet de drogue, hydromel et champignons, étaient possèdes d'une fureur incontrôlable. Ils étaient vêtus de peau d'ours et parfois de crânes d’animaux sauvages pour effrayer leurs ennemis et hurlaient en mordant leurs propres boucliers. Ces féroces guerriers étaient apparemment insensibles à la douleur jusqu'à ce que leur folie s'estompe. Dans leur rage, ils attaquaient même les rochers et les arbres des forêts, d'ailleurs ils étaient fréquents qu'ils s'entretuent parfois. Ces guerriers sauvages sont certainement à l'origine des croyances aux loups-garous, les deux ayant le pouvoir de se transformer d'homme en animal.
La signification du nom Berserkers est en anglais, Bear Sark, « poitrail d'ours ou chemise d’ours ».

L’Ulfhednar

Les Ulfhednar sont des Berserkers très semblables aux premiers mais si ces derniers louaient Odin et transformaient leur fureur tel l’Ours, ceux-là préféraient s’en remettre au Dieu originel de la guerre, Tyr. Tyr, l’Ase-Manchot qui se vit arracher la main par le terrible Loup mythique Fenrir.
Ainsi les Ulfhednar, « Aux Pelisses de Loup », sont attachés à l’imagerie du Loup. Les Loups qui sont très proches du système clanique des Germains avec les imageries liées à la liberté, au chef, à la meute, au territoire à conquérir et à défendre.
Moins individuel que les Berserkers, ceux-là se battaient davantage en meute par assaut rapide et moins aveugle que les premiers. Au contraire des Berserkers lancés dans les batailles en ligne défensive, les Ulfhednar harcelaient les lignes par embuscades, attaques surprises et par petits groupes sans aucun doute.

Svinfylkingar

On parle aussi de guerriers voués au culte du Sanglier, les Svinfylkingar, leur technique de combat était la Svinfylking (tête de sanglier), soit une formation en "coin", donc triangulaire, avec à la tête de la formation un "rani" (groin) composé de deux "champions".
Si leur nom est bien attesté dans les sagas, cette caste est plus méconnue, plus défensive encore que les Berserkers mais plus nombreuses à la bataille que les Ulfhednar. Peut-être vouaient-ils un culte à Frey dont l’animal familier était un sanglier, mais on ne peut l’attester.

Vargynjur

Les Vargynjur sont citées dans le Poème d’Harbard (Saga Nordique) comme étant des femmes-louves, en fait des guerrières Berserkers (ou Berserkrices) féminines donc.
Rien ne nous dit si elles étaient proches du culte d’Odin ou de Tyr. A moins qu’elles louaient une toute autre entité, peut-être féminine, ce qui est fort possible. D’ailleurs la racine de leur nom se rapporte à Var, Déesse Germanique des Serments (et de la vengeance liée quand ceux-ci sont trahis, trait dominant de la justice Germaine).
Voici le passage les évoquant dans la Saga et rapporté par le Dieu Thor :

(Thor parle)
A l'île d'Hesley je massacrais les épouses des Berserkers ;
La plupart étaient maléfiques, et toutes avaient trahies.
[—-]

(Thor offusqué)
Elles n'étaient que des Louves alors et bien peu des Femmes !
A ma barque, bien affrétée sur le rivage, elles s'attaquèrent alors,
Puis par de lourdes masses de fer elles nous menacèrent, chassant même Thialfi ;


On a là donc un aperçu de la puissance de ces femmes !

A quoi se réfère le mythe de ces Berserkers ?

Bien des hypothèses, jusqu’aux plus farfelues, peuvent être élaborées à partir de ces mythiques guerriers. Toutefois il est tentant de rapprocher ces castes guerrières de la vision mythologique et mystique des peuples dont ils incarnaient le plus symboliquement aux yeux de leurs ennemis la nature.

Ainsi il fut un temps où la Germanie n’était encore qu’un vaste territoire principalement fait de forêts et de no man’s land et plus souvent parcouru et habité par les Celtes. Les premiers Germains côtoyèrent longtemps les Celtes avant de les combattre.
Quand on sait la valeur symbolique du « Sanglier » ou « Cochon sauvage » dans la culture Celtique il est intéressant de comparer les guerriers Celtes aux Svinfylkingar. Comptèrent-ils dans leur rang des Berserkers Germains ? Pourquoi pas.
La cosmogonie Germaine nous parle de deux groupes de Dieux à la genèse, les Vanes (divinités paysannes) et les Ases (divinités guerrières). Les paisibles Vanes sont dans leur structure très proche du monde Celte dans leur rapport aux cycles de la Nature. Les premiers Germains étaient sans aucun doute très proche de ce désir de trouver des terres nourricières. Ils étaient dés lors peu nombreux, certains conquérants (comme les Cimbres) et d’autres plus nomades tels des… ours ? Sangliers et Ours sont des animaux plutôt sociables entre-eux et on peut y voir là les nombreux peuples Celto-Germaniques qui ont existé à l’Antiquité.
Vint alors une époque plus troublée…
Cette époque vit l’arrivée massive des Germains venus du Nord. Ceux-là étaient nombreux, affamés et poussés à trouver des terres plus favorables. Comme des Loups, ils devaient survivre et conquérir par les armes s’il le fallait leur Destin.
Si on sait que le Loup respecte l’Ours, il ne fait pas grand cas du Sanglier.
Ainsi ces Ulfhednar sont à rapprocher des Ases, les Dieux guerriers. Féroces, décidés, plus meurtriers et violents, furent-ils à l’origine de la guerre entre les Celtes et les Germains ? Quoi qu’il en soit les Celtes furent repoussés et la Germanie exista dés lors de fait.

Bref, cette analogie métaphorique entre les castes guerrières Berserkers, la genèse de ces peuples et les faits historiques est, même si on ne peut l’attester, au moins épique et poétique…
Mais quid des Vargynjur, ces Femmes-Louves, véritables Amazones du nord ?
Peut-être les Chattes qui formèrent une véritable caste guerrière, et cette fois historique, trouvèrent à leurs origines, une telle femme comme guide…

La Caste Historique des Chattes

« Les peuples vont au combat, les Chattes, eux, à la Guerre ! »


C’est par cette citation légendaire que les Chattes naquirent aux yeux de tous.
Les Chattes formaient un Clan très intriguant par ses racines antiques, profondes et fraternelles, mais aussi par leur culte très proche des origines du Hof (le Panthéon Germanique) et de la nature sacralisée, et enfin par leur légitimité Germanique en faisant l’un des plus importants, non par leur nombre mais par leur culture intacte.
On a toutefois que très peu de connaissances à propos de ce peuple qui vécu dans la zone géographique des Francs puis des Alamans. Ils demeurent toutefois entièrement voués à la défense de la Germanie, principalement de son cœur dans la forêt mythique Hercynienne et toute la structure de leur société était bâtie comme caste guerrière.

Décrit comme étant forgés pour l’exercice, nerveux et dur, les guerriers Chattes étaient de présence inquiétante et muent d’une volonté inébranlable. D’ailleurs ils formaient une infanterie massive, cohérente, émérite et disciplinée, toute vouée à un chef choisi par les hommes la composant.
Ce caractère guerrier trouve d’ailleurs sa pertinence dans le fait que les combattants laissaient pousser leurs cheveux et leurs barbes jusqu’à ce qu’ils tuent leur premier ennemi ! Et quant on sait que les cheveux longs étaient symboles de la liberté chérie, il faut s’imaginer ce qu’étaient de croiser des Chattes au crâne rasé !
De plus ils portaient un ou des anneaux de fer, certainement à travers la peau, jusqu’à ce qu’ils puissent l’ôter ou les ôter par un acte d’une grande bravoure prouvant leur vertu et courage…
Enfin, outre leur aura puissante, certains guerriers se blanchissaient les parties de leur corps dénudé, ceux des premières lignes qui montaient à l’assaut et ne reculaient jamais ! Voici ce qu’en disait Tacite dans son Germania :

"[—-] Beaucoup de raisonnement et d'habileté, pour des Germains : ils prennent pour chefs des hommes choisis, écoutent ces chefs, gardent leurs rangs, saisissent les occasions, diffèrent leurs attaques, ordonnent leurs journées, protègent leurs nuits, tienne la chance pour incertaine, la vertu pour sûre, enfin ce qui est très rare et n'a été accordé qu'à la discipline Romaine, ils comptent sur un chef plus que sur l'armée."

Il serait très long ici de présenter qui étaient les Chattes.
Les Chattes ou Chatti (en Latin) et encore les Chattuariens ou Herminones (pour les désigner dans leur ensemble) vivaient dans l’ancienne forêt Hercynienne (une forêt gigantesque depuis la Forêt Noire jusqu’à la Forêt de Bohême) peut-être dans la seule cité Germaine, Mattium l’introuvable. Germains antiques, leur histoire naît avec celle de Nero Claudius Drusus qui sera forcé à faire demi-tour sous l’injonction d’une… femme !
Celle-ci plus grande que ses hommes (surnommée plus tard « Chattos Suos », peut-être « L’esprit Chattes ») était-elle la Louve de cette meute guerrière et disciplinée, plus chevalière que militaire, plus volontaire qu’engagée ? Etait-elle née de l’héritage des premiers Cimmériens guidant les Germains ?
Quoi qu’il en soit les Chattes, bien que méconnue, deviendront les Gardiens de la Germanie, participeront à bien des batailles contre les Généraux Romains, puniront terriblement les « traîtres » à leur cause, tels les Ubiens alliés de Rome. Mais comme on l’a vu, leur histoire, leur philosophie de guerre et leurs croyances seraient bien trop long ici à développer.

Retenons simplement que ces guerriers absolus suivaient l’idéal de guerriers plus mythologiques, les seigneurs de guerre Einherjars !

Le Guerrier ultime, l’Einherjar

Les Einherjars, « Guerriers éminents » (ou parfois « Ceux qui ne font qu’une armée » et encore « Ceux qui combattent seuls »), sont les guerriers morts au combat dans de grands actes de bravoures. Ils sont recueillis sur les champs de bataille par les Valkyries qui choisissent les plus vaillants afin de renforcer l'armée de la Valhalle (ou Valhalla) qui se tiendra prête lors du Ragnarök. D'ailleurs les guerriers agonisant voyaient, selon les traditions orales, souvent ces Valkyrjas se pencher sur eux, quand elles-mêmes ne les avaient pas abattu !
Une fois au Valhalla ils étaient réveillés tous les matins par le chant du coq Gullinkambi (Crête-d'-Or). Durant le jour, ils se battaient jusqu'à ce qu'ils s'entre-démembrent et la nuit venue ils rejoignaient le banquet d'Odin, leurs blessures se cicatrisant d'elles-mêmes.
Voici à ce propos ce qui est dit dans le Vafthrudnismal :

Les Einherjars sont appelés les héros en cette Halle,
Qui chaque jour vont, au nom d’Odin, au combat ;
Ils luttent à mort les uns contre les autres puis quittent la lutte,
Tous recouvrant la santé, une fois attablés à la Halle !


Cet entraînement avait pour but de les préparer au combat final où ils combattraient les Géants de la glace sur le champ Vigrid où le plus brave d'entre-eux marchera au côté d'Odin. A ce propos il n’est fait mention nul part de l’identité du plus éminent des Einherjars.
Il faut également remarquer que Freyja recevait la moitié des guerriers morts sans qu’on sache pour quelle raison ni ce qu’ils feraient le jour du combat venu. On peut extrapoler sur un fait méconnu et qui aurait en fait dissimulé le fait que cette moitié toujours prise par Freyja concernait les Einherjars femmes !
Mais ceci reste une vision poétique mais pas si invraisemblable, les femmes se battant également chez les Germains par exemple.
Enfin souvent était choisis les guerriers marqués du signe d’Odin, en fait une blessure par lance…

Dernière chose et l’une des plus importantes est le nombre d’Einherjars !
Car les Eddas donne ce nombre incroyable. En fait on le sait par l’interprétation des Sagas et de l’Edda qui le relate de cette manière (en prenant en compte que la centaine Germanique équivalait à cent vingt unités) :

Cinq (grandes) centaines de portes
Et quatre dizaines en outre,
J'estime que compte la Valhalle.
Huit (grandes) centaines d'Einherjar
Sortiront en même temps par chaque porte
Quand ils iront se battre avec le loup.


C'est en effet la « grande centaine Germanique » que l’on prend donc comme base, ce qui donne 640 issues et 960 Einherjars pour un total de 614 400 guerriers, précisément.
Ce nombre fini implique donc qu’il n’y aura pas là un seul autre combattant accepté. Toutefois la grande incertitude vient du fait s’il fut réuni avant le Ragnarök ou pas. Et qu’évoque ce nombre surtout après cette ultime bataille ?

Conclusion

Ainsi s’achève le voyage au travers des castes guerrières de la Germanie Antique.
Tout n’a pas été dit et tout n’a été qu’évoqué, effleuré même si on prend compte chaque peuple Germain ayant tous eu leur caste particulière de combattant. N’oublions pas que la caste la plus noble des Germains étaient constituée de Seigneurs de guerre.

Quoi qu’il en soit ce cheminement depuis les origines divines et guerrières jusqu’à celles philosophiques et mythologiques des Einherjars démontrent au-delà des seuls faits d’armes toute une culture bien plus subtile encore.
La voie guerrière est également celle de l’esprit et de la volonté, une voie dont la plupart des civilisations antiques (de l’Afrique avec les guerriers Massaïs ou de l’Asie avec les Samouraïs, des Spartiates de Grèce ou des Guerriers-Léopards Incas) ont élaboré les codes. Encore une fois le dessein des castes guerrières n’était pas de tuer mais de rechercher un idéal de corps et d’esprit maîtrisé pour demeurer lucide et libre.

Enfin pour ce qui concerne les Germains, derrière l’épée, c’est toute une philosophie et une culture qui reste à découvrir, depuis les Sagas des Scaldes mettant en scène les épopées épiques de ces combattants jusqu’aux Runes gravant leurs lames…

Une histoire à narrer qui ne fait que commencer…

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