Beorc
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BEORC

Sens Culturel

Divinité : Freyja Noms : Beorc - Berkano - Bjarkan - Bairkan
Sens littérale : Bouleau (Charme) Lettre : B
Sens initiatique : L'Alchimie Oett : Seconde Rune de l'Oett de Tyr
Sens de polarité : Secrets Futhark : Dix-huitième Rune de l'Alphabet Runique
Sens sombre : Illusion Symboles : Sein - Cheveux - Philtre

"Le Bouleau ne porte pas de fruits ;
De plus, sans graine, il produit des surgeons, car il est engendré par ses feuilles.
Splendide sont ses branches ;
Glorieusement parée, sa haute couronne atteint le ciel."

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Beorc est la seconde Rune de l'Oett de Tyr et la dix-huitième Rune du Futhark, l'une des plus mystérieuses de toutes.
D'ailleurs le poème le plus antique la décrivant est lui-même étrange, une sorte d'énigme complexe faite de contre-vérités, d'égarements et de métaphores curieuses. Quoi qu'il en soit, Beorc est littéralement dans les langues du Nord, le terme pour désigner le Bouleau. Cet arbre très répandu dans la moitié Nord de l'Europe a toujours été auréolé de mystéres et de légendes, autant chez les Celtes que chez les Germains. Il est le symbole du Printemps et donc de la renaissance de la Vie, sa sève abondante étant sacrée. La blancheur de son écorce est en outre elle-aussi attirante et ses chatons non moins.
En outre il est de la même famille que le charme et même si cette constatation n'est qu'une coïncidence avec notre langue Française, il est curieux de découvrir que c'est là le second sens de Beorc. En effet cette Rune féconde est celle de la sève qui monte, de l'Alchimie presque "magique" unissant les sexes opposées pour créer la vie. C'était donc pour les anciens, une Rune de Charme symbolisant là le Secret de la création de l'existence.
On voit donc que Beorc est une Rune complexe, aussi complexe que les charmes des Femmes dont elle exprime parmi toutes, la féminité la plus accrue. Enfin on sait que l'écorce de bouleau servait de supports pour écrire, sa fine texture étant semblable à du papier épais. Et l'enfantement de l'écorce et de l'encre donnait naissance aux Runes secrètes.
Elle trouve donc sa place au côté de Tyr qui représente les valeurs de la "Virilité", elle représentant donc logiquement le pendant de cette dernière par les mystères de la "Féminité".

Ainsi, dans le Hof, si elle a pu être liée à Frigg pour son pouvoir de Vie, à l'ancienne déesse Ostara pour le Printemps renaissant, elle est peut-être encore plus proche de Freyja, non seulement pour sa fécondité comme l'est son frère jumeau Frey avec la Rune Feoh, mais bien plus encore pour les charmes de cette Asyne et sa sensualité très poussée. Freyja est une ancienne Vane et elle a autant les attraits d'une mère que d'une maîtresse aux charmes irrésistibles. Mais elle est aussi une "Sorcière" dans le sens où ses attraits provoquent l'amour mais aussi pour sa science unique de la "magie" des Runes, le Seidr. Un pouvoir magique dont les légendes prêtaient à ceux l'utilisant de voir leur féminité toujours plus exacerbée, les Hommes d'autant ! Sans doute peut-on voir là la forte "charge" féminine portée par Beorc. Enfin de ses cheveux tombaient des fleurs printanières et ses larmes, au souvenir de son époux mystérieusement disparu, se changeaient en perles d'Ambre.
La troublante Freyja est donc bien à l'image de cette énigmatique Rune dont les symboles sont aussi nombreux que les charmes l'entourant. On peut toutefois retenir le "Philtre", d'amour ou de magie, qui en illustre les pouvoirs du coeur et de l'esprit. Les Cheveux peuvent également souligner son attrait comme l'est la chevelure des femmes, toujours chargée d'érotisme. Mais plus encore, le Sein est sans doute là le plus fort des signes décrivant Beorc, cet attribut spécifiquement féminin représentant autant la sexualité que la Vie qu'il nourrit. De plus si on renverse Beorc à l'horizontal, on retrouve le dessin de la forme d'une poitrine renforçant ce dernier symbole.

Beorc incarne donc par l'intermédiaire du Bouleau, les Charmes et avec toute l'Alchimie qu'ils procurent chez ceux attirés par leurs mystères.


Sens Philosophique

Beorc enseigne que l'Homme n'est pas le principe opposé de
la Femme et qu'il n'a pas à en redouter les charmes ou les secrets.
L'énigme du désir à sa clé dans l'union de ces deux entités,
à la fois charnellement et spirituellement.


Comme on l'a vu Beorc est le symbole de la Féminité.
Avec c'est toute l'imagerie de cette notion qui est exacerbée par Beorc. La puissance de la Vie, sa fécondation et son pouvoir sexuel, ses charmes intenses, sa nature mystérieuse, secrète, énigmatique et la fascination qu'elle exerce sur les femmes et bien plus encore avec les hommes.
Rune Alchimique, elle est celle par qui les êtres se transforment par l'union de leurs chairs, de leurs coeurs et de leurs âmes. Elle est le processus animant tout les êtres, leurs désirs, leurs quêtes et une grande partie de leur Destin ce qui la rend autant merveilleuse que "magique" pour qui en est sous le charme.
Elle enseigne ainsi que le plus grand secret du principe féminin/masculin ne se trouve pas dans leurs différences apparentes et souvent illusoires mais bien dans ce qui rapproche et unie leur nature. Elle rejette la domination de l'un sur l'autre et préfère la parade de leur rencontre, la douceur de leur fusion et la richesse alors partagée qui en résulte.
La nature a dissociée les êtres et tout ce qu'elle a crée en principe féminin et masculin. Chacun de ses rejetons portent les deux mais ne peut en découvrir la totalité qu'en s'unissant à l'autre. C'est un processus étrange mais qui demeure l'énigme à toute vie. Il n'y a donc rien à craindre de l'autre partie, car elles sont semblables, différentes dans leurs aspects, mais inéluctables quant à s'unir et à se découvrir.

"Ô, Beorc, Rune de la sensuelle Freyja,
Je te loue, Glyphe chimérique des Secrets.
Mystifiant les sens sous de trompeurs apparts,
Ta nature ambiguë voile ta beauté.

Ton énigme est pourtant au sein de chacun
S'il consent à mêler son esprit à sa chair,
Tel l'Homme et la Femme pour ne faire qu'un,
Liant ainsi l'autre à son faux-contraire."


Pourtant une fois établie l'ambiguïté en tout être, la quête d'en résoudre le mystère et le secret ne doit pas être un désir chimérique. S'il faut ne pas en craindre les énigmes, il serait vain de tenter d'en résoudre la "magie" par l'illusion de leurs attraits. On ne peut découvrir sa nature opposée par la seule recherche de ce désir à assouvir. L'objet du désir est plus important que le désir même.
Ainsi c'est dans le respect de l'autre que l'on peut rechercher en soi ce qui fait de lui un être dissemblable. Si on se lie avec ses seuls attraits et apparats, on peut que s'éloigner de leur nature, ceux-ci trompant par leurs charmes la vraie réalisation à rechercher entre son esprit et son corps, cette fusion révélant l'âme asexuée.
Telle est la fleur qui sait se couvrir des plus belles couleurs pour attirer l'insecte qui transportera son pollen. Si le désir est présent dans leur rencontre, c'est là une illusion, la beauté étant là un leurre…
Dans ce concept philosophique et métaphorique c'est donc ce qui est "magique".

"Le piège du désir est à l'image de la mante religieuse : si fascinante pour attirer son prétendant… mais si vicieuse pour ne jamais alors le laisser repartir !"
Cette pensée est là le pendant polaire de Beorc qui incite à déceler les Secrets dans la nature de chacun, et de la sienne, sous peine d'être attiré dans leur Illusion suscitant le désir. Un enseignement illustré par la sagesse d'une strophe trouvée dans le Havamal :

Ne te moque pas du voyageur rencontré sur la route,
Ni ne ris malicieusement d'un hôte :

Les occupants de la halle connaissent rarement
La parenté du nouveau venu ;
Le meilleur est entaché de fautes,
Le pire n'est pas sans valeur.


Sens Spirituel

  • Symbolique spirituelle

Beorc dans sa symbolique spirituelle est une Rune d'unité entre le principe masculin et féminin. C'est autant la prière qui donne incarnation avec l'objet de celle-ci que l'entité priée qui incite à l'honorer. Ainsi l'âme est faite de l'ambiguïté entre ces deux principes dans une globalité asexuée comme l'individu est un par l'union du corps et de l'esprit. Beorc est donc la recherche de ce secret par la découverte de ce qui nous semble à notre opposé mais qui en réalité n'est qu'une autre expression de son âme, qu'on l'éprouve autant charnellement que spirituellement.
La voie empruntée par Beorc est donc mystérieuse, ambigüe, à l'apparence trompeuse pour qui s'y engage par le désir ou l'attrait d'en découvrir les secrets. Elle est parsemée de rencontres semblant charmantes mais elles se révèleront parfois illusoires ou changeantes. Qu'on s'y amourache, qu'on y lutte ou qu'on y soit curieux, les secrets pour en révéler leur véritable nature exigera d'aller les chercher à l'intérieur de soi ou par la complémentarité de ceux qui nous semblent contraire.
Enfin c'est par la "magie" de ce chemin alchimique que l'on trouvera sens dans la "réalité".

  • Lien au Wyrd

Dans la représentation de la Toile du Destin et des Neuf Mondes, le lien Beorc s'étend de Niflheim à Ljosalfaheim.
Ce lien troublant est nimbé de mystères. Ceux du désir et de la volupté nappés des voiles des secrets féminins et du pouvoir charnel des opposés qui mèneront les unions dans le monde de l'amour éternel et magique, à Ljosalfaheim.

  • Seidr

Beorc est la Rune du Seidr. Elle est capable d'associer le pouvoir de toutes les autres Glyphes du Futhark entre-elles. C'est une matrice magique qui attire à elle l'essence même du Wyrd, le Destin. Enfin elle puise tellement sa force dans l'expression de la féminité qu'elle rend les femmes possédées par sa fièvre et "féminise" les Hommes l'utilisant…
Pour qui la détourne de par son Galdr sombre, elle peut mystifier tout les êtres, créer nombres illusions pour cacher sa menace. Elle attise le désir et l'obsession mais en contrepartie révèle les propres phantasmes de celui la gravant à mal.

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